CHAPITRE 1 - La Cité sans nom : Différence entre versions
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| '''[[:Fichier:Pas d'image disponible.jpg|Illustration]]''' : Liste de coordonnées<ref group="secret">Coordonnées de cratères météoritiques d'une dizaine de kilomètres de diamètre, tous tombés il y a plusieurs dizaines à centaines de millions d'années.<br> | | '''[[:Fichier:Pas d'image disponible.jpg|Illustration]]''' : Liste de coordonnées<ref group="secret">Coordonnées de cratères météoritiques d'une dizaine de kilomètres de diamètre, tous tombés il y a plusieurs dizaines à centaines de millions d'années.<br> | ||
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Version du 21 juillet 2020 à 20:18
Galerie
Entrées du journal
5 sept.
La pointe du Yemen est derrière nous. Aden est en vue. C'est un voyage de plus de quatre-cent jours à travers toute l'Afrique du Nord, le Proche-Orient et l'Inde qui va bientôt arriver à terme. J'ai le vertige au simple fait de me remémorer les distances incommensurables que nous avons parcourues pour recouper les coordonnées dont nous avions besoin.
L'artefact en ma possession s'est révélé décisif dans les mesures obtenues. Je ne doute plus désormais de notre succès à la trouver. Je compte bien découvrir le tombeau du fou !
Illustration : Esquisse de l'artefact géodésique Les symboles demeurent indéchiffrables. |
Illustration : Liste de coordonnées[secret 1]
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6 sept.
Al Makalla. Le M. S. nous attendait en personne au débarquement pour les formalités, comme convenu. Nous avons plus tard finalisé les derniers détails pratiques de notre expédition et convenu de partir d'ici trois jours.
Cet homme m'inspire un mépris profond avec ses jambes courtes et sa face rougeaude. Les promesses d'or et de richesses abandonnées, que L. continue à lui faire miroiter, font luire ses yeux d'une avidité abjecte.
L'attente me pèse maintenant que je sais où chercher.
Illustration : Carte de l’Arabie[référence 1][référence 2] |
9 sept.
Nous partons demain avant l'aube. Je crois qu'il était temps, j'ai l'impression qu'on nous surveille. L. a le même sentiment.
J'ai aperçu à plusieurs reprises au cours de ces trois derniers jours des silhouettes enturbannées se tenir immobiles aux coins des ruelles proches de notre refuge. L. a également été suivi d'après ses dires. Je crains qu'il n'ait attiré l'attention en faisant le tour des bazars. Je l'avais pourtant mis en garde cet entêté ! Malgré la présence des britanniques dans cette région, les étrangers se font vite repérer et je sais que d'obscures sociétés opèrent par ici.
20 sept.
Nous avons quitté le Wadi Hadramout pour pénétrer dans le Rub al-Khali. Le soleil a brûlé toute la journée haut dans le ciel, plus intensément que jamais, et je sais que ce n'est qu'un avant-goût avant d'être au cœur du quart vide.
Le bédouin qui nous sert de guide depuis plus d'une semaine est taciturne et n'inspire guère confiance. Je ne sais pas où le M. S. l'a trouvé, mais contrairement à mes plus grandes craintes, il ne s'est étrangement pas insurgé lorsque nous lui avons indiqué notre destination et a empoché l'or que nous lui proposions sans un mot. Je l'ai surpris tous les jours à nous observer longuement à travers la fente de son chèche, perché au sommet d'une dune tandis que la caravane progressait dans sa direction.
Qui sait ce qui passe dans la tête des membres de son espèce...
28 sept.
Le dernier point d'eau est à des kilomètres derrière nous. Les derniers signes de vie ont totalement cessé d'exister dans cette mer de sable hostile. Il n'y a plus aucune trace d'une quelconque araignée des sables ou d'un lézard, même pas de quelque arbuste desséché. Un soleil de plomb nous écrase en permanence d'une chaleur si accablante que je n'imaginais pas une telle température possible il y a encore quelques jours. Et les nuits sont si froides désormais que j'ai pu observer du givre se déposer à plusieurs reprises sur le désert.
L. ne semble pas très bien supporter la fournaise brûlante des journées.
Moi, je fais abstraction, car je sais que selon mes calculs, nous devrions déjà être dans la zone qui cache la Cité. Elle doit être toute proche maintenant.
30 sept.
Pas un signe de la Cité.
J'ai l'impression que cela fait plus d'une semaine que nous tournons en rond dans ce paysage répétitif. Pourtant la dernière entrée de mon journal ne remonte qu'à deux jours seulement.
L. est devenu très fiévreux, à tel point que nous avons dû lui passer une corde autour de la taille pour qu'il tienne sur sa monture. Il gémit et se débat aussi dans son sommeil depuis quelques nuits.
L'eau m'inquiète, même si nous nous rationnons. Je crains d'avoir à faire demi tour sans rien trouver.
Les difficultés vont être plus nombreuses et plus importantes que je ne le pensais.
1er oct.
Rien.
2 oct.
(barré) J (barré) Le .
3 oct.
La Cité est bien là ! Le sable la recouvrait en grande partie, c'est pourquoi nous avons erré pendant tant de (barré) semaines jours dans le désert sans la voir.
Un boy est mort en tombant d'une haute avancée rocheuse que nous prenions pour une dune. Les autres avaient peur et ne voulaient pas dormir dans les ruines, c'est pourquoi nous avons dû contourner la Cité à distance respectable et monter un campement à la tombée de la nuit. J'ai craint de la perdre de vue à chaque instant.
L'eau est déjà trop rare. L. est alité et se tord dans tous les sens sur son lit de camp.
Demain...
Illustration : Constellations du Cocher, des Gémeaux, d'Orion, du Taureau et du Lièvre Les constellations sont différentes par ici, étrangères, inconnues. Je parviens tout de même à identifier certaines étoiles incontournables.[secret 2] |
Illustration : Silhouette de la Cité[référence 3] Quelle race puissante mais inconnue |
4 oct.
Le M. S. a franchi les murailles effondrées avec moi au point du jour alors qu'un vent étrange soufflait le sable au milieu des ruines. Les hommes sont restés au camp avec L. toujours alité et en plein délire. Il nous servira de caution pour éviter qu'ils ne repartent dans le désert sans nous.
La plupart des entrées des décombres sont ensevelies sous le désert. Il faut ramper pour pénétrer dans la plupart après avoir déblayé un passage suffisant. Le M. S. paraissait avoir oublié son flegme britannique alors qu'il courait d'une ouverture à une autre, fébrile de convoitise.
Il est difficile d'évaluer l'étendue des vestiges. La Cité devait s'étendre à perte de vue à l'époque de son antique splendeur.
Nous retournerons cet après-midi dans les ruines avec quelques hommes armés de pelles.
Illustration : Stèle anonyme[référence 4] Il y a beaucoup de ces stèles dans les ruines mais elles sont toutes très érodées. |
Illustration : Colonnes en ruines[référence 5] |
Illustration : Entrée de souterrain Un passage éboulé. |
Illustration : Sculpture sans visage[référence 6] |
Illustration : Vestiges et ruines[référence 7] |
Illustration : Pyramide à degrés, entrée de souterrain[référence 8][référence 9] La Cité a déjà réclamé son tribut de sang non loin d'ici. |
Nous avons désensablé nombre de passages bas sans trouver la moindre inscription ou sculpture à même de nous donner quelques indications sur ceux qui ont bâti cette cité, même dans les structures les mieux préservées. Le sable et les vents ont érodé ces pierres depuis des âges immémoriaux, si bien que tout est à l'état de poussière.
J'ai tenté de dresser un plan de la Cité, mais alors que je l'observe depuis le camp, j'ai l'impression que le vent joue avec les dunes dès que la nuit tombe, faisant émerger à son gré certaines parcelles tandis que d'autres sombrent à nouveau.
Illustration : Bas-relief sculpté[référence 10] Est-ce seulement un langage ? Tout est fragmentaire... |
Illustration : Plan fragmentaire de la Cité Campement |
5 oct.
Journée stérile.
Un affaissement hasardeux dans le sable a toutefois permis de mettre à jour un réseau de galeries labyrinthiques au plafond abaissé. Devant l'étendue manifeste de ces souterrains, nous avons vite rebroussé chemin avant de nous y égarer. Je m'étonne des proportions et des dimensions dérangeantes de tous ces vestiges, qui paraissent inadaptées, trop petites, pour les hommes.
Le M. S. a commencé à récriminer contre l'absence notoire de richesses. Je n'ai rien eu à lui rétorquer malgré son air fat, je mesure de mon côté la vanité de mes espoirs.
J'ai demandé à ce que les hommes s'affairent maintenant jusqu'à la nuit sur ce qui pourrait être un ziggourat aperçu non loin de la haute avancée rocheuse qui domine les ruines.
6 oct.
Une demi journée perdue.
Alors que le vent qui semble souffler dans les ruines tous les matins au point du jour s'était enfin calmé et que je m'apprêtais à aller chercher le M. S. pour poursuivre nos recherches, deux boys affolés sont venus me trouver sous ma tente.
D'une part notre guide bédouin s'était volatilisé au cours de la nuit sans laisser la moindre trace derrière lui. Mais deux hommes manquaient également à l'appel et n'étaient pas revenus des travaux d'hier soir. Quant au M. S. il n'était déjà plus dans sa tente pour discipliner ses hommes ...et j'imagine fort bien que son avarice l'ait tiraillé dès avant l'aurore pour fouiller les galeries sans ma personne.
Nos aides de camp ont commencé à s'effrayer mutuellement au sujet des mauvais esprits qui régnaient ici, me priant d'abandonner ces lieux maudits au plus vite tout en commençant à rassembler les montures. Il a fallu que j'en abatte un pour l'exemple afin de mettre un terme à leurs velléités de fuite et à leurs imprécations en arabe. Mieux vaut que ces métèques aient peur de moi plus que de leurs Djinns.
J'ai aussi dû ordonner qu'on divise de nouveau les rations d'eau par deux si nous voulons pouvoir accomplir notre voyage de retour.
Au milieu de tous ces événements, L. gît sur son lit, blanc et glacé malgré la chaleur déjà étouffante de cette fin de matinée. J'avoue avoir un plus grand intérêt pour les recherches que pour son état de santé, bien que j'ai tenté de lui prodiguer quelques remèdes.
Un vent continu s'est levé maintenant, je crains qu'une tempête approche.
Il est maintenant temps d'aller plonger dans les ténèbres secrètes de la Cité.
(peut-être parviendrais-je même à retrouver le M. S. et à lui faire reprendre ses responsabilités s'il ne s'est pas perdu corps et âme dans les tunnels sous le sable)
Date inconnue
Illustration : Monde souterrain[référence 11] On entend un vent étrange siffler dans certaines cavités, mais je suis déjà loin sous la surface. |
Illustration : Passage bas sculpté[référence 12] Un cartouche taillé à même le sol, au seuil d'un passage. |
Des bas-reliefs aux nombreuses couleurs. Parfaitement conservés malgré leur aspect protohistorique. Voici un passage interloquent :
Illustration : Bas-reliefs peints présentant des rites d'offrandes[référence 13][référence 14] S'agit-il d'Iram ? Sans nul doute. |
Les échanges entre les cités semblait florissant. Mais plus loin on voit que les morts sont offerts aux dieux pour être emmenés - dans leur au-delà ?
Et cette grande figure ? Peut-être Sobek, le dieu crocodile égyptien ? Ou le dieu à son origine sûrement ?
Illustration : Hiéroglyphes retranscrits[référence 15][référence 16] Est-ce un détail ou une idée de ma part ? |
La mort, la fin de vie... le sommeil, le repos, mais avec une notion d'éternité
Le même symbole de la fin de vie, mais personnifié, qui pénètre dans l'au-delà...
Années ? Siècles ? (barré) Le temps Une grande période de temps !
Les morts sont partout, ou bien le concept de la mort
formes antiques ?
La mort pourrait mourir elle-même, ou bien disparaître, au cours de l'éternité ?[citation 2]
Et les morts se réveilleraient alors de leur sommeil éternel ? ou reviendraient de l'au-delà ?
Cela, je ne suis pas sûr du sens.
S'agit-il d'une prophétie ou bien du fondement d'une religion ?
Alors que la fonction du cartouche est un avertissement ou une imprécation. Pourtant celui-ci est placé à l'envers !
Date inconnue
Illustration : Extraits des parchemins originels du Kitab al-Azif (Arabe) reptilien - communication |
Illustration : Extraits des parchemins originels du Kitab al-Azif (Arabe) domination - esprit |
Illustration : Extraits des parchemins originels du Kitab al-Azif |
Illustration : Extraits des parchemins originels du Kitab al-Azif (Arabe) invoquer - habitant des sables - supérieur |
2 nov.
Mirbat. Voila trois jours que je suis alité dans un camp britannique. Je reprends la plume d'une main encore faible et fébrile.
C'est une patrouille partie à la recherche du M. S. qui m'a retrouvé, errant à la frontière du Rub al-Khali, presque inconscient et serrant mon journal comme un damné. Je ne leur ai raconté que ce qu'ils avaient besoin de savoir : nous avons été attaqués par une troupe de bédouins au cours d'une expédition. Cela leur a suffit.
Presque un mois s'est écoulé depuis ma dernière entrée dans ce journal et beaucoup d’événements sont survenus entre la dernière fois que j'ai franchi les murs de la Cité sans nom et mon errance dans le désert. Je vais tenter de relater succinctement tout ce que j'ai pu vivre après cet instant maudit afin de me convaincre moi-même de ne pas avoir été en proie à quelque délire de l'esprit ou à quelque mauvaise hallucination.
Le M. S. était supposément parti dans les ruines bien avant l'aube. L. était au seuil de la mort sur son lit de camp. Notre guide avait disparu. Et j'avais eu à mater les peurs irrationnelles de nos aides de camp de manière assez expéditive.
C'est furieux et plus déterminé que jamais que je me suis dirigé avec quelques boys vers le ziggourat que j'avais ordonné de dégager la veille. Les traces du M. S. y menaient directement. Nous ne tardâmes d'ailleurs pas à repérer des objets d'or et des ustensiles fait d'un métal noir rassemblés dans le sable non loin de la pyramide ensevelie. Les hommes poussèrent des vivats en s'engouffrant dans le tombeau, mais je remarquai que parmi les nombreuses allées et venues du M. S., une trace s'éloignait étrangement du ziggourat pour se diriger vers la paroi de l'affleurement rocheux qui nous dominait. Suivant les empreintes à moitié effacées, je ne tardais pas à découvrir des anfractuosités taillées dans la roche. Je pénétrais alors dans une de ces ouvertures engorgées de sable pour découvrir, s'enfonçant sous la surface, des salles basses, des colonnes érodées, des autels primitifs, des niches ensablées et des bas reliefs ouvragés. Quelle découverte !
Je me suis aventuré profondément dans ces abysses, subjugué par l'étrangeté de cet habitat troglodyte, m'interrogeant sans cesse sur la race qui avait vécu là et prié ses dieux avant que le désert n'en soit un. J'avançais ainsi, à la lueur d'une lampe à pétrole, les épaules voûtées et la tête baissée sous le plafond bas, déchiffrant les fresques et les runes de pierre pendant une durée indéterminable.
C'est au détour d'un couloir taillé à même la roche que je butais sur le M. S., et mon émoi fut grand dans ces catacombes au silence séculaire. L'homme, pétrifié dans le noir, s'était recroquevillé dans une niche, s'imaginant je ne sais quelle engeance à l'approche en entendant l'écho de mes pas. Lorsqu'il fut capable de me reconnaître au milieu de sa terreur, il me tint un discours confus sur des fantômes qui rôdaient dans les souterrains et qui l'avaient tiré jusqu'ici. A cet instant, je gardais par devers moi l'assurance que ce pauvre ère avait perdu la raison en s'égarant dans l'obscurité. Malheureusement pour nous, lorsqu'il me demanda instamment de regagner la surface, je réalisais avec effroi avoir perdu le fil de mes pérégrinations tant j'avais été obnubilé par mes découvertes.
Nous errâmes alors dans ce labyrinthe, poursuivant à la lueur déclinante de ma lampe un chemin que je pensais reconnaître à chaque embranchement, gravissant des escaliers abruptes pour mieux redescendre plus profondément des puits taillés dans le roc. Le M. S. s'accrochait à moi comme un désespéré, les vêtements froissés, son casque perdu depuis longtemps. Sa peur était communicative et je me pris à percevoir des grattements, craquements et frottements inquiétants dans les ombres. Combien d'heures ou de jours sommes nous restés ainsi sous terre ? Je ne pourrais jamais le dire tant les notions de temps et de distance s'étaient évanouies. Éreintés, nous avons fini par aboutir dans le cul de sac d'une pièce mal équarrie où nous décidâmes de nous reposer quelques temps. Je dus presque bercer le M. S. lorsque je voulus éteindre ma lampe afin d'en économiser le reliquat de précieux combustible.
Peut-être avons nous dormi. Tout ce que je sais, c'est qu'au milieu de cette petite mort, je me réveillai brusquement en nage et parcouru de tremblements irrépressibles, persuadé d'entendre quelqu'un chuchoter dans les ténèbres tandis que le M. S. hurlait sans discontinuer non loin de moi. A tâtons j'allumais ma lampe pour découvrir le M. S. en proie à une peur panique, se débattant au milieu de restes humains amassés dans un coin que nous avions pris pour de simples débris dans notre épuisement. Lorsqu'il me vit, il hurla de plus belle et s'enfuit dans les galeries obscures comme un dément.
C'est seulement avec horreur que je réalise aujourd'hui dans quelle pièce égarée loin sous la surface nous avons brièvement reposé. Les ossements abandonnés d'un être humain, des vestiges de parchemins tombant ça et là en poussière, les parois couvertes d'inscriptions et de glyphes inconnus que j'avais pris pour autant de fissures dans la pénombre. J'avais trouvé ce pour quoi j'étais venu. Ce pour quoi j'avais tant sacrifié. Mais les circonstances de mon brusque réveil et l'atmosphère terrifiante de notre environnement firent que je m'élançais à la poursuite des échos de mon compagnon d'infortune sans demander mon reste.
Au cours de notre cavalcade, un courant d'air anormal se mit soudainement à souffler et éteignit violemment la mèche de ma lampe. je me retrouvai tétanisé dans le noir. C'est peut-être ce qui me sauva. Car je fus le témoin distant de l'horreur qui sembla s'abattre sur le M. S. dont la fuite éperdue ne tarda pas à se muer en bruits de lutte désespérés et en hurlements d'agonie à mesure que cet étrange vent souterrain s'intensifiait. Je crus voir luire les tunnels devant moi tandis que d'horribles ombres se projetaient autour de celle du M. S., traîné malgré lui plus avant dans les profondeurs.
Je n'ai aucun souvenir de ma propre fuite éperdue. Je parvins je ne sais comment à retrouver un passage vers la surface pour atterrir au beau milieu d'une tempête de sable.
Très affaibli mais me croyant sauvé, j'errais au milieu des silhouettes fantomatiques des ruines à la recherche de quelque point de repère. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'aperçus des silhouettes d'hommes devant moi. J'agitais faiblement les bras pour attirer leur attention car j'avais la gorge tellement sèche qu'aucun son n'était capable d'en sortir, et c'est ce qui me sauva une nouvelle fois. Car une véritable assemblée se tenait là dans le tumulte, me tournant le dos, si bien que lorsque j'avisais leurs turbans et leurs longues tuniques, je n'eus pas de mal à me dissimuler derrière une statue sans visage. Ces individus étaient fort semblables au bédouin qui nous avait abandonné à la Cité. Ils avaient encerclé nos propres hommes et je pus apercevoir, au travers d'une bourrasque, L., exsangue, à la merci d'un long sabre odieusement sculpté. Tous scandaient des incantations rythmiques qui n'étaient ni de l'anglais ni quelque autre dialecte arabe et se mêlaient au tumulte chaotique de la tempête. Et tout s'acheva dans un horrible massacre et un bain de sang que le sable s'empressa de boire.
Dans l'euphorie diabolique qui s'ensuivit, je réussi à mener un des dromadaires des hommes du désert par delà les murs de la Cité et à fuir droit devant, laissant la folie de ces lieux derrière moi.
Je me souviens avoir tourné la tête une ultime fois dans ma fuite afin d'observer une dernière fois la silhouette de la Cité, alors que j'aurais dû me préoccuper d'hypothétiques poursuivants. Mais dans la tempête faiblissante, seul le désert aride et nu s'offrit à mes yeux, comme si les ruines avaient déjà été englouties par l'oubli... puis j'ai erré dans le désert pendant de nombreux jours.
J'ai perdu l'artefact dans tout ça. Je ne sais pas en quelles mains il est maintenant tombé.
Et ces pages griffées dans mon journal. Je ne me souviens même pas les avoir écrites. S'agit-il seulement de ma main ?
J'ai à peine osé les considérer tant je sens ma raison défaillir devant leur horrible sens et le souvenir de ces chuchotements dans le noir qui me susurraient d'étranges paroles en un arabe antique.
Il s'agit clairement de rites de communion ou bien de communication.
Les paroles délirantes de L. prennent un sens nouveau beaucoup trop effrayant maintenant :
N'est pas mort ce qui à jamais dort,
Et au cours des âges peut mourir même la Mort.
Il faut que je disparaisse à présent. Je sens les regards de certains indigènes de l'hospice s'appuyer un peu trop souvent sur moi. J'ai également remarqué qu'un des aides soignants avait changé hier. Il portait une marque étrange sur l'avant bras. Je l'ai vu alors qu'il s'était retroussé les manches lors d'une tâche.
Illustration : Symbole d'une société secrète |
Date inconnue
Illustration : La porte de bronze Cette vision continue à s'imposer à moi, mais mon esprit se refuse aux souvenirs et aux significations. |
Notes et références
Citations
- ↑ « Quelle race puissante mais inconnue
Habitait autrefois ce lieu anéanti. » – Horace Smith, Ozymandias - ↑ « N'est pas mort ce qui à jamais dort,
Et au cours des âges peut mourir même la Mort. » – Abdul al-Hazred, Necronomicon
Références
- ↑ Vieille carte de la péninsule arabique, 1909
- ↑ Terra Cthulhiana, La Cité sans nom, p. 125
- ↑ https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/A1n-uuoMVaL.jpg – Esteban Maroto, Lovecraft: The Myth of Cthulhu
- ↑ http://www.lesedwards.com/imagebank/9/7/5/975737.jpg – Les Edwards, The Necronomicon: Desert Ruins
- ↑ https://cdnb.artstation.com/p/assets/images/images/001/880/385/large/pierre-raveneau-ruins-underground-by-asahisuperdry-d9puru6.jpg?1454167922 – Pierre Raveneau, Ruins underground
- ↑ http://www.lesedwards.com/imagebank/9/7/6/976175.jpg – Les Edwards, Eldritch Tales; The Obelisk of the Old Ones
- ↑ https://etc.usf.edu/clipart/80300/80304/80304_palmyra_lg.gif – Webster, Hutton Ancient History (Boston, MA: D.C. Heath & Co., 1913), Ruins of Palmyra
- ↑ Pyramide à degrés de Saqqarah
- ↑ La vallée des tombes des rois par William Henry Bartlett
- ↑ https://3.bp.blogspot.com/-YDelTc_Bn9g/UyAZ4JT22qI/AAAAAAAAAdI/YYn5CESBqVc/s1600/IMGP4840.JPG – Deus Artefacta, Arabic Umayyad Inscriptions Found
- ↑ https://images-wixmp-ed30a86b8c4ca887773594c2.wixmp.com/f/7e05745b-79c1-409c-84b3-864b09baae2c/d7q2i0p-f7c11fec-da38-4373-9179-6a677c91b86c.jpg?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOiIsImlzcyI6InVybjphcHA6Iiwib2JqIjpbW3sicGF0aCI6IlwvZlwvN2UwNTc0NWItNzljMS00MDljLTg0YjMtODY0YjA5YmFhZTJjXC9kN3EyaTBwLWY3YzExZmVjLWRhMzgtNDM3My05MTc5LTZhNjc3YzkxYjg2Yy5qcGcifV1dLCJhdWQiOlsidXJuOnNlcnZpY2U6ZmlsZS5kb3dubG9hZCJdfQ.XHEiKNGvGjhhnzHXujQJiYg1LpxO3XKGwK6okdbTp1c Castle of Ghosts – Reza Afshar
- ↑ http://4.bp.blogspot.com/-M4nnhwemnAw/UPWNrbRkChI/AAAAAAAAEe4/ClErSaK7Nko/s1600/photo.jpg – oinge, A day to remember in Egypt 1.4 - Luxor
- ↑ Chapitre 30 du Livre des Morts - Papyrus de Hounefer
- ↑ Sobek de Kom Ombo
- ↑ Cartouche du temple d'Hibis
- ↑ Liste totale des hiéroglyphes selon la classification Gardiner
Secrets
- ↑ Coordonnées de cratères météoritiques d'une dizaine de kilomètres de diamètre, tous tombés il y a plusieurs dizaines à centaines de millions d'années.
Earth Impact Database - ↑ Position, date et heure correspondant aux constellations observées : (approx.) N 24° 41' 15.83" E 46° 43' 18.66" – 4 octobre 1901 00:00