CHAPITRE 1 - La Cité sans nom

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Entrées du journal

5 sept.

La pointe du Yemen est derrière nous. Aden est en vue. C'est un voyage de plus de quatre-cent jours à travers toute l'Afrique du Nord, le Proche-Orient et l'Inde qui va bientôt arriver à terme. J'ai le vertige au simple fait de me remémorer les distances incommensurables que nous avons parcourues pour recouper les coordonnées dont nous avions besoin.
L'artefact en ma possession s'est révélé décisif dans les mesures obtenues. Je ne doute plus désormais de notre succès à la trouver. Je compte bien découvrir le tombeau du fou !

Illustration : Esquisse de l'artefact géodésique

Les symboles demeurent indéchiffrables.
Espace courbe ? Géométrie de Riemann ? La géodésique de l'artefact n'est peut-être qu'un effet de bord après tout. Et les reflets se tordent étrangement selon l'angle de vue.
11,32 cm x 9 cm. Poids inmesurable.

Illustration : Liste de coordonnées[secret 1]
  • 24° 35' N 24° 24' E
  • 19° 6' N 19° 15' E
  • 31° 3' N 36° 48' E
  • 25° 19' N 76° 37' E
  • 29° 35' N 38° 42' E ?
  • (entouré)(barré) 25° 19' N 24° 20' E ?
  • (barré) 22° 1' N 26° 5' E
  • (barré) 26° 5' N 4° 23' E
  • (barré) 17° 25' N 21° 45' E
  • (barré) 25° 18' N 78° 8' E

6 sept.

Al Makalla. Le M. S. nous attendait en personne au débarquement pour les formalités, comme convenu. Nous avons plus tard finalisé les derniers détails pratiques de notre expédition et convenu de partir d'ici trois jours.
Cet homme m'inspire un mépris profond avec ses jambes courtes et sa face rougeaude. Les promesses d'or et de richesses abandonnées, que L. continue à lui faire miroiter, font luire ses yeux d'une avidité abjecte.
L'attente me pèse maintenant que je sais où chercher.

Illustration : Carte de l’Arabie[référence 1][référence 2]

9 sept.

Nous partons demain avant l'aube. Je crois qu'il était temps, j'ai l'impression qu'on nous surveille. L. a le même sentiment.
J'ai aperçu à plusieurs reprises au cours de ces trois derniers jours des silhouettes enturbannées se tenir immobiles aux coins des ruelles proches de notre refuge. L. a également été suivi d'après ses dires. Je crains qu'il n'ait attiré l'attention en faisant le tour des bazars. Je l'avais pourtant mis en garde cet entêté ! Malgré la présence des britanniques dans cette région, les étrangers se font vite repérer et je sais que d'obscures sociétés opèrent par ici.

20 sept.

Nous avons quitté le Wadi Hadramout pour pénétrer dans le Rub al-Khali. Le soleil a brûlé toute la journée haut dans le ciel, plus intensément que jamais, et je sais que ce n'est qu'un avant-goût avant d'être au cœur du quart vide.
Le bédouin qui nous sert de guide depuis plus d'une semaine est taciturne et n'inspire guère confiance. Je ne sais pas où le M. S. l'a trouvé, mais contrairement à mes plus grandes craintes, il ne s'est étrangement pas insurgé lorsque nous lui avons indiqué notre destination et a empoché l'or que nous lui proposions sans un mot. Je l'ai surpris tous les jours à nous observer longuement à travers la fente de son chèche, perché au sommet d'une dune tandis que la caravane progressait dans sa direction.
Qui sait ce qui passe dans la tête des membres de son espèce...

28 sept.

Le dernier point d'eau est à des kilomètres derrière nous. Les derniers signes de vie ont totalement cessé d'exister dans cette mer de sable hostile. Il n'y a plus aucune trace d'une quelconque araignée des sables ou d'un lézard, même pas de quelque arbuste desséché. Un soleil de plomb nous écrase en permanence d'une chaleur si accablante que je n'imaginais pas une telle température possible il y a encore quelques jours. Et les nuits sont si froides désormais que j'ai pu observer du givre se déposer à plusieurs reprises sur le désert.
L. ne semble pas très bien supporter la fournaise brûlante des journées.
Moi, je fais abstraction, car je sais que selon mes calculs, nous devrions déjà être dans la zone qui cache la Cité. Elle doit être toute proche maintenant.

30 sept.

Pas un signe de la Cité.
J'ai l'impression que cela fait plus d'une semaine que nous tournons en rond dans ce paysage répétitif. Pourtant la dernière entrée de mon journal ne remonte qu'à deux jours seulement.
L. est devenu très fiévreux, à tel point que nous avons dû lui passer une corde autour de la taille pour qu'il tienne sur sa monture. Il gémit et se débat aussi dans son sommeil depuis quelques nuits.
L'eau m'inquiète, même si nous nous rationnons. Je crains d'avoir à faire demi tour sans rien trouver.
Les difficultés vont être plus nombreuses et plus importantes que je ne le pensais.

1er oct.

Rien.

2 oct.

(barré) J (barré) Le .

3 oct.

La Cité est bien là ! Le sable la recouvrait en grande partie, c'est pourquoi nous avons erré pendant tant de (barré) semaines jours dans le désert sans la voir.
Un boy est mort en tombant d'une haute avancée rocheuse que nous prenions pour une dune. Les autres avaient peur et ne voulaient pas dormir dans les ruines, c'est pourquoi nous avons dû contourner la Cité à distance respectable et monter un campement à la tombée de la nuit. J'ai craint de la perdre de vue à chaque instant.
L'eau est déjà trop rare. L. est alité et se tord dans tous les sens sur son lit de camp.
Demain...

Illustration : Silhouette de la Cité.[référence 3]

Les constellations sont différentes par ici, étrangères, inconnues. Je parviens tout de même à identifier certaines étoiles incontournables.[secret 2]

Quelle race puissante mais inconnue
Habitait autrefois ce lieu anéanti.[citation 1] Ces vers sont de circonstance.

4 oct.

Le M. S. a franchi les murailles effondrées avec moi au point du jour alors qu'un vent étrange soufflait le sable au milieu des ruines. Les hommes sont restés au camp avec L. toujours alité et en plein délire. Il nous servira de caution pour éviter qu'ils ne repartent dans le désert sans nous.
La plupart des entrées des décombres sont ensevelies sous le désert. Il faut ramper pour pénétrer dans la plupart après avoir déblayé un passage suffisant. Le M. S. paraissait avoir oublié son flegme britannique alors qu'il courait d'une ouverture à une autre, fébrile de convoitise.
Il est difficile d'évaluer l'étendue des vestiges. La Cité devait s'étendre à perte de vue à l'époque de son antique splendeur.
Nous retournerons cet après-midi dans les ruines avec quelques hommes armés de pelles.

Illustration : Sculptures anonymes et statues sans visages.[référence 4][référence 5]

Il y a beaucoup de ces stèles dans les ruines mais elles sont toutes très érodées.

Illustration : Colonnes, fondations, ruines, entrées de souterrains, pyramide à degrés.[référence 6][référence 7][référence 8][référence 9]

Un passage éboulé.
La Cité a déjà réclamé son tribut de sang non loin d'ici.
Les passages sont nombreux, mais ne mènent jamais à rien.

Nous avons désensablé nombre de passages bas sans trouver la moindre inscription ou sculpture à même de nous donner quelques indications sur ceux qui ont bâti cette cité, même dans les structures les mieux préservées. Le sable et les vents ont érodé ces pierres depuis des âges immémoriaux, si bien que tout est à l'état de poussière.
J'ai tenté de dresser un plan de la Cité, mais alors que je l'observe depuis le camp, j'ai l'impression que le vent joue avec les dunes dès que la nuit tombe, faisant émerger à son gré certaines parcelles tandis que d'autres sombrent à nouveau.

Illustration : Bas relief sculpté.[référence 10]

Est-ce seulement un langage ? Tout est fragmentaire...

Notes et références

Citations

  1. « Quelle race puissante mais inconnue
    Habitait autrefois ce lieu anéanti. » – Horace Smith, Ozymandias

Références

Secrets

  1. Coordonnées de cratères météoritiques d'une dizaine de kilomètres de diamètre, tous tombés il y a plusieurs dizaines à centaines de millions d'années.
    Earth Impact Database
  2. Position, date et heure correspondant aux constellations observées : (approx.) N 24° 41' 15.83" E 46° 43' 18.66" – 4 octobre 1901 00:00

Annexes

Articles connexes

Liens externes