CHAPITRE 2 - L'Horreur d'Augusta : Différence entre versions
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Hamelin Lehmann condamné pour sorcellerie en 1754. Brûlé vif par l'Inquisition en 1755.<br> | Hamelin Lehmann condamné pour sorcellerie en 1754. Brûlé vif par l'Inquisition en 1755.<br> | ||
Décret d'excommunication édité en 1755. Thibault Lehmann disparaît.<br> | Décret d'excommunication édité en 1755. Thibault Lehmann disparaît.<br> | ||
− | Geneniève | + | Geneniève Lehmann émigre en Amérique en 1756 - fonde congrégation près de Cushnoc. Changement de nom pour Ratzinger.<br> |
Dernier rapport de Fort Western émis fin 1769. Congrégation : 122 membres.<br> | Dernier rapport de Fort Western émis fin 1769. Congrégation : 122 membres.<br> | ||
Note de l'expédition de Benedict Arnold vers Québec en 1775 - communauté de plus 300 individus.<br> | Note de l'expédition de Benedict Arnold vers Québec en 1775 - communauté de plus 300 individus.<br> |
Version du 30 juillet 2020 à 18:43
Galerie
Entrées du journal
21 août
C. H. s'est rappelé à mon bon souvenir dans une lettre fort succincte jointe d'une coupure de presse. Il attire mon attention sur l'internement d'un criminel aux tendances homicides à l'institut psychiatrique d'Augusta, Maine.
D. R. V.
24 août
J'ai effectué de longues lectures dans les éminents journaux de presse étrangère que reçoit le C. Club.[secret 1] Ce majordome pour lequel j'éprouve une antipathie et une méfiance profonde a été fort contrit d'avoir à retrouver plusieurs mois de parutions de différents quotidiens à ma demande.
Quoiqu'il en soit, les indices sont là et ils sont éloquents pour qui sait lire entre les entrefilets.
Pièce jointe : Listing des personnes disparues (recto)[secret 2]
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Pièce jointe : Listing des personnes disparues (verso)
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26 août
Télégramme de C. H. qui me presse de le rejoindre sur place. De nouvelles disparitions ont été signalées et deux corps ont été retrouvés le 22 août.
Son invitation tombe fort à propos. Il me faut changer d'horizons. Peut-être que cette fois les silhouettes rôdant dans mon ombre mettront plus de temps à reparaître.
3 sept.
New York est bientôt en vue. La traversée a été longue. J'ai l'intime conviction que quelqu'un m'a suivi. J'ai cru surprendre à plusieurs reprises une silhouette rôder insidieusement autour de ma cabine. Heureusement, tous mes écrits sont en permanence sous clé.
Je ne dois pas me relâcher.
4 sept.
J'ai pu récupérer un message à mon attention dans un bureau des postes dès mon arrivée au port. C. H. me conseille plusieurs lignes de train et horaires pour arriver à destination. Une réservation a également été prise à l'un de mes noms dans un des cottages environnant Augusta. Enfin, une lettre de recommandation d'un certain M. M. K. (C. H. a toujours eu un vaste réseau de relations) doit également me faire office de passe droit pour rencontrer D. R. V.
C. H. est très prévoyant.
J'ai aussi fait mine de prendre un taxi pour le centre ville avant de lui faire changer d'itinéraire, afin de brouiller les pistes.
6 sept.
Je suis enfin arrivé à bon port au terme de nombreuses correspondances. Je pense avoir réussi à semer mon ou mes poursuivants s'ils n'étaient pas le fruit de mon imagination.
Je me rendrais à l'hospice dès que le train aura stoppé.
Maudite nurse ! Malgré ma lettre de recommandation, elle a catégoriquement refusé de me laisser pénétrer dans l'établissement. Je vais devoir attendre l'arrivée du matin.
7 sept.
Première rencontre avec D. R. V. Quand il n'est pas mutique, il parle vite, sans discontinuer, dans un mélange de vieil allemand que j'ai parfois du mal à comprendre, de bribes d'anglais, de langues mortes, et d'autres langages qui me sont inconnus.
A noter que sa cellule et sa personne font l'objet d'une sécurité et d'une attention renforcées qui me semblent anormalement disproportionnées, même pour un meurtrier. Je retranscris ici les extraits les plus éloquents de ma conversation avec lui.
Présentations
L'individu est prostré entre son lit renversé et le mur. Il marmonne de manière inintelligible jusqu'à ce que je me présente.
Il semble alors me remarquer mais son regard fuit rapidement dans tous les sens à la recherche de quelque chose qu'il ne semble pas trouver.
« Pouvez-vous me dire qui vous êtes ? Votre nom peut-être ? »
« Ich bin der letzte ! Der letzte ! (incompréhensible) Ich werde es der lauschenden Leere verkünden...[note 1] (incompréhensible) Look out ! Do not see ! Do not see (?) ! (hurlements brefs) Wir sollten uns nicht zu viel umsehen.[note 2] (nouveaux hurlements) »
Un gardien intervient.
Première heure
« It is the seventh of september. Can you tell me what happened to you in the previous weeks?
L'individu me regarde avec intensité, les yeux exorbités. J'ai l'impression qu'il est à chaque instant sur le point de comprendre ma question mais que le sens des mots lui échappe sans cesse. »
« Können Sie mir sagen, was passiert ist? »
Aucune réaction.
« Pouvez vous me dire... »
Un flot de paroles m'interrompt alors subitement. Il parlera pendant près d'une heure dans un grec ancien très élaboré. Voici en substance les idées qui reviennent à de nombreuses reprises dans sa diatribe :
– Ils viennent des étoiles (ou par les étoiles ?).
– Le jour est venu de la conjonction où la réalité de la place (ou de l'endroit) que nous occupons (où nous vivons) va nous faire fuir la lumière.[citation 1]
– La paix (la sérénité) réside dans les ténèbres.
– Ils ne savent rien, ils ont besoin de moi.
– Ils accomplissent ma volonté. Je dois leur obéir.
Le reste traite confusément de savoirs cosmiques indéfinis interdits au commun des mortels, d'entités vivant (ou ne vivant pas (les contradictions sont nombreuses)) parmi nous, d'un culte très récent ou très ancien (il évoque l'un puis l'autre).
Une suite de sonorités reviennent trop souvent pour que je les assimile à des borborygmes quelconques. Ce mot ou cette imprécation m'évoque quelque langage interdit déjà rencontré au cours de mes recherches. Je les retranscris phonétiquement du mieux que je peux :
nnn'aah yia[secret 3]
L'homme effectue également des gestes étranges dans l'air à chaque fois qu'il prononce ces sons.
Deuxième heure
L'individu parle dans un langage inconnu, d’une langue agglutinante dont le système de racines est absolument différent de tout ce que l’on trouve dans les idiomes humains.[citation 2]
Illustration : Formules phonétiques raturées
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Je suis incapable de noter quoi que ce soit, même de manière phonétique. Il va et vient en tous sens dans sa cellule, ses mains effectuent des mouvements incessants, le ton de sa voix change constamment, frôlant le hurlement par moment pour devenir moins qu'un murmure l'instant suivant.
Il ne semble pas avoir conscience de ma présence ni de celles de ses geôliers, qui par ailleurs me donnent plus l'impression de surveiller ma personne que leur patient ; son regard virevolte comme s'il s'adressait à de nombreux interlocuteurs invisibles à mes yeux.
Troisième heure
Les gardiens m'ont incité à laisser leur patient se calmer. Lorsque je pénètre à nouveau dans sa cellule, l'individu semble calme, son lit a été remis en place, il est assis dessus. Il me salue dès mon entrée. Son regard est lucide bien que craintif et d'une lassitude extrême. Il parle l'allemand avec aisance mais hésite quelque peu dans son anglais que j'ai traduit directement dans la suite.
« Guten tag.
– ...Guten tag.
– Der Wind rauscht mit Ihren Stimmen.[secret 4]
– Ich bitte um Verzeihung ?[note 3] »
Il semble hésiter en me dévisageant.
« The wind is rustling with your voices and the earth is rumbling through your mind.
S'agit-il d'une phrase de reconnaissance ? La suite m'y fait penser. Sur l'instant je reste coi.
– Vous n'êtes pas l'un d'entre eux ?
– Qui ça « eux » ?
– D'où venez vous ?
– Je ne suis pas d'ici. Pouvez vous vous souvenir de ce qu'il vous est arrivé le mois dernier ? Comprenez vous pourquoi vous vous trouvez ici ? J'ai été envoyé par un confrère.
– Ils se sont trompés. Nous nous sommes tous trompés. Je suis plus à l'abri ici que dans ma propriété. Il ne faut pas y retourner ! Personne ne doit y retourner !
– Expliquez moi. Peut-être puis-je vous aider.
– Qui vous envoie ? »
J'hésite avant de lui donner le nom de C. H. Sa peur est immédiatement palpable.
« Ce n'était pas ma faute. Dites-lui ! C'était trop tôt, je leur ai dit ! Ce n'était pas le bon moment. Nous avons tous pensé que quelque chose s'était mal passé, mais c'était bien pire. La nuit où ils ont décidé de le faire, je... ich hörte Donnerschläge und andere Geräusche, welche die Natur nur im Zorne von sich gibt.[note 4] Si le ciel est miséricordieux, j’oublierai un jour ce que j’aperçus à ce moment, et pourrai connaître la paix pour les quelques années qui me resteront. Pour l’instant, je ne dors plus la nuit et, quand l’orage tonne... »[citation 3]
L'homme se jette sur moi comme un forcené mais c'est l'effroi et la folie qui l'animent. Les gardiens interviennent avec difficulté pour le maîtriser. Mon entretien est clos et je n'obtiens rien de plus du personnel soignant.
Note : J'ai laissé sciemment de quoi écrire dans la cellule, à l'insu du personnel, pour laisser D. R. V. s'exprimer plus librement.
8 sept.
Deuxième entrevue. L'homme était plus agité que jamais. Dès l'ouverture de sa cellule, nous avons pu constater l'ampleur de la frénésie qui l'habite : les murs, le sol et le plafond, les rares objets présents... tout était lacéré et griffé d'étranges cercles croisés de lignes, mêlés d'autres symboles hermétiques. Le patient s'était même écorché la peau pour marquer ces symboles à même son corps.
Je n'ai pas eu l'opportunité de m'entretenir avec D. R. V. aujourd'hui, mais j'ai pu reproduire un certain nombre de ces signes.
Je suis certain que le plus récurrent correspond aux signes que D. R. V. traçait dans l'air hier.
Illustration : Symboles reproduits[secret 5][référence 1] Plusieurs variantes du même symbole |
9 sept.
Je me suis renseigné en ville pour obtenir l'adresse de D. R. V. Il habite une imposante bâtisse de bois, perdue loin de la ville, que j'ai eu peine à trouver dans l'inquiétant décor de marécages et de forêts qui l'environne. J'ai profité de l'absence du maître des lieux pour faire le tour de la masure et trouver une entrée.
J'écris ces mots depuis un réduit souterrain, bien dissimulé derrière un conduit creusé derrière la réserve de charbon, où j'ai fait une découverte incroyable. De nombreux ouvrages que je pensais interdits et détruits depuis des siècles gisent ici, dans des états de délabrement variés.
Certains volumes utilisent des langues inconnues. Un très petit nombre d’ouvrages sont écrits dans des dialectes que je possède. De très habiles illustrations, insérées dans les livres ou formant des collections séparées, m’apportent une aide fort précieuse.
Je trouve les différents noms du Sultan des Démons, Azathoth. Nodens, le Seigneur du Grand Abîme est nommé plusieurs fois. L’infâme Messager, Nyarlathotep, est trop souvent évoqué. Ainsi que la Chèvre Noire des Bois aux Mille Chevreaux, accompagné de rituels que même moi n'ose parcourir...
Des fragments de ce que je lis est question des atroces annales d’autres mondes, d’autres univers, et de l’éveil d’une vie sans forme, extérieure à tous les univers. Il y a aussi des récits sur des êtres appartenant à des ordres étranges et qui ont peuplé le monde à des époques oubliées, et les effrayantes chroniques de créatures intelligentes au corps grotesque qui le peupleraient des millions d’années après la disparition du dernier homme.
Illustration : Bibliographie des ouvrages interdits
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Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 10] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 11][référence 12][référence 13][référence 14] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 15] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 16] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 17][référence 18] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 19][référence 20] |
Illustration : Savoirs interdits recopiés et annotés[référence 9][référence 21] |
Je suis de retour à mon cottage, dans un état déplorable.
J'ai passé la soirée d'hier et une grande partie de cette nuit à étudier les ouvrages inédits que j'avais à ma disposition, à en oublier pourquoi je suis originellement venu ici. C'est la violente déflagration d'un éclair qui m'a brusquement tiré de l'intense concentration dans laquelle je me trouvais. J'ai alors pris conscience des craquements du plancher qui se faisaient entendre au rez de chaussée. Malgré la pluie qui tombait à verse, je perçus les pas feutrés et les chuchotements de trois hommes dans la maison. Je n'osais bouger dans le réduit obscur dont j'avais prestement soufflé la chiche bougie.
J'eus à peine le temps d'élaborer des hypothèses sur qui étaient ces hommes et ce qu'ils faisaient ici. Les coïncidences étaient trop grandes pour qu'ils ne soient pas à la recherche de la même chose que moi, à moins que ce ne soit directement ma personne qui les intéressât. Ceux dont parlait D. R. V. dans sa paranoïa devaient vouloir mener à bien leurs desseins coûte que coûte. Les doutes n'eurent pas plus le temps de m'assaillir. Un fracas épouvantable s'abattit sur la masure qui trembla jusque dans ses fondations. J'entendis des coups sourds ébranler la maison, puis un effroyable bruit de bois déchiré, rapidement suivi de hurlements humains.
Mon sang froid s'envola à cet instant. Sous le coup de la terreur, je surgis de la cave, passait devant les corps désarticulés des trois hommes et m'élançais sous la pluie diluvienne vers mon véhicule. Je sais que tout du long je hurlais confusément les étranges sonorités entendues dans la bouche de D. R. V. la veille. Cela eut-il une influence quelconque sur l'horrible chose qui avait éventré la maison ? Je ne veux pas le savoir.
Je m'égarais plusieurs fois au cœur des marais dans ma panique, avec sans cesse l'insoutenable sentiment d'être en danger de mort imminente, tandis que les éclairs de l'orage imprimaient sur mes rétines des paysages surréalistes arrachés à la tempête qui faisait rage.
J'ai dû quitter précipitamment ce cottage réservé par C. H.
Peu après mon retour de cette nuit effroyable, la petite femme aux yeux perfides qui tient les chambres m'a apporté une missive. Je l'ai encore sous les yeux : D. R. V. est parvenu à s'enfuir. Le mur de sa cellule aurait été littéralement éventré.
Il faut que je retourne là-bas immédiatement, mais les doutes m'assaillent.
Ces hommes dans la maison... étaient-ils à ma recherche ? A la poursuite de D. R. V. ? En quête des savoirs dissimulés dans la maison ? Cela fait beaucoup trop de questions auxquelles les réponses seraient par trop évidentes. Je ne dois laisser aucune piste derrière moi. Je dois rester caché et étudier avec attention les notes trouvées dans ce réduit sous la maison.
10 sept.
Suis passé à l'institut. Des hommes rôdaient aux abords de l'établissement mais j'ai pu m'approcher discrètement.
Les traces sont confuses. Rien d'humain n'aurait pu laisser de telles marques.
Illustration : Mur fendu de l'institut[référence 22] Débris à l'intérieur et à l'extérieur |
Illustration : Empreintes au sol et traces de passage[référence 23] Première empreinte caractéristique |
Date inconnue
Illustration : Plan du cercle de pierres levées[référence 24][référence 25][référence 26][référence 27] Le schéma des pierres semblait étrange dans les notes, comme incomplet. Je l'ai complété avec une projection que je pense plus exacte. |
Illustration : Pierre levée et symboles[référence 28][référence 29][référence 30] Fragment |
Illustration : Liste de symboles numérotés[référence 1][référence 31] |
Illustration : Liste de symboles numérotés[référence 1][référence 31] |
Illustration : Figures géométriques[référence 32][référence 33] Yad Al-Jawza[secret 6] |
Illustration : Symbole de protection[référence 34] |
Illustration : Arbre généalogique de la famille Lehmann[secret 7] |
Adalbert Lehmann (1647-1710), marié Inge Hohenhart ; décédé 63 ans.
Inge Hohenhart (1655-1696), mariée Adalbert Lehmann ; décédée 41 ans.
Descendants :
- Hamelin Lehmann (1696-1755)
Hamelin Lehmann (1696-1755), marié inconnue ; décédé 59 ans ; condamné au bûcher.
Descendants :
- Geneviève Lehmann (1731-1780)
- Klaus Lehmann (1732-1732), mort né.
- Hilde Lehmann (1733-1736), décédée 3 ans.
- Thibault Lehmann (1735-?)
Geneviève Lehmann (1731-1780), mariée inconnu ; décédée 49 ans.
Descendants :
- Ulric Ratzinger (1780-1843)
Ulric Ratzinger (1780-1843), marié Zofia Kasprzyk ; marié Sedna Boyle ; décédé 63 ans.
Zofia Kasprzyk (1778-1807), mariée Ulric Ratzinger ; décédée 29 ans.
Descendants :
- ? (1807-1814)
Sedna Boyle (1780-1816), mariée Ulric Ratzinger ; décédée 36 ans.
Descendants :
- Sarus Ratzinger (1816-1879)
Sarus Ratzinger (1816-1864), décédé 48 ans ; mort au combat.
Descendants :
- D. R. V. (1865-)
Hamelin Lehmann condamné pour sorcellerie en 1754. Brûlé vif par l'Inquisition en 1755.
Décret d'excommunication édité en 1755. Thibault Lehmann disparaît.
Geneniève Lehmann émigre en Amérique en 1756 - fonde congrégation près de Cushnoc. Changement de nom pour Ratzinger.
Dernier rapport de Fort Western émis fin 1769. Congrégation : 122 membres.
Note de l'expédition de Benedict Arnold vers Québec en 1775 - communauté de plus 300 individus.
Aucune autre mention historique d'une communauté vivant dans les environs de Hallowell.
Sarus Ratzinger mort au combat en 1864.
Fraternité du Nouvel Ordre fondé à Augusta après la guerre civile en 1867. 5 membres fondateurs.
- Mark N. Profitt
- Charles P. Robertson
- Thibaut Lee (Lehmann ?)
- (Entouré) C. H.
- Maxwell M. Kurt
Armoiries : le vent et la voix, la terre et l'esprit.[secret 4]
(La formule de D. R. V. à notre rencontre !)
D. R. V., pupille de la nation, mis sous tutelle de Thibaut Ratzinger en 1878.
14 sept.
Je continue à changer de lieu fréquemment. Vu les gros titres du jour. De nouvelles disparitions. D. R. V. toujours recherché. Des forces de police des comtés voisins ont été appelées en renfort.
Je sais maintenant que les disparitions sont l’œuvre de la Fraternité du Nouvel Ordre, mais l'engeance doit toujours rôder dans les environs. Il faut que je la trouve et la répudie avant que l'Ordre ne l'asservisse.
Et je trouverai bien un moyen de faire payer C. H. à la hauteur de sa duplicité !
15 sept.
Aucune trace de l'entité.
J’ai trouvé dans les bois, à l’est d’ici sur la colline, de grandes pierres noires gravées de nombreux hiéroglyphes à moitié effacés.[citation 4]
Le dispositif est incomplet. Je dois me hâter de trouver l'emplacement des autres pierres avant de me faire surprendre par l'orage qui gronde au loin.
J'ai fini par trouver les pierres manquantes au bas de la colline, à moitié avalées par les marais. L'une portait d'anciennes marques de burin, comme si l'on avait tenté d'effacer ses symboles infernaux sans succès.
28 sept.
Mes nerfs fragiles iraient mieux, si je pouvais cesser de penser à l’air et au ciel autour et au-dessus de moi. Je ne me sens jamais seul ni à l’aise depuis ces horribles nuits, et quand la lassitude me gagne, j’ai toujours l’odieuse, l’effroyable impression d’être poursuivi.[citation 5]
Les mots de D. R. V. lors de ma première rencontre avec lui me reviennent en mémoire : si le ciel est miséricordieux, j’oublierai un jour ce que j’aperçus à cet instant, et pourrai connaître la paix pour les années qui me restent. Moi non plus, je ne dors plus la nuit et, quand l’orage tonne, je suis maintenant obligé d’avoir recours aux narcotiques.[citation 6]
Alors que la journée du 15 septembre tirait à sa fin, que la pluie s'était mise à tomber à grosses gouttes et que je revenais sur mes pas vers le cercle de pierres, je surpris des éclats de voix dans la forêt. M'approchant aussi discrètement que possible, je finis par découvrir une assemblée de plusieurs dizaines d'individus scandant mots de pouvoir et formules diaboliques. D. R. V. était à leur merci, couvert de contusions, bâillonné et ligoté à la plus grande des pierres, celle qui était couchée tel un autel. C. H., en personne, officiait dressé devant la victime épouvantée. Le rituel dura de longues minutes sous la pluie jusqu'à ce que l'orage éclate subitement et que je ressente immédiatement la peur irrationnelle qui m'avait assailli quelques jours plus tôt. La chose était là !
Un mouvement de crainte fit vaciller les rangs des membres de la société. Quelque chose semblait ne pas s'être déroulé comme prévu. Et les cris de panique commencèrent à s'élever. C'est le moment que je saisis pour me débusquer et hurler le mot dans la tourmente. Un éclair d'une violence inouïe tomba non loin du cercle dans un bruit tonitruant et surnaturel. Je repris mes esprits uniquement pour être pris à parti par les membres de la société secrète. J'eus le temps de voir plusieurs corps désarticulés étendus dans la terre stérile, et D. R. V., comme foudroyé sur la pierre.
Les jours suivants furent une longue alternance de réclusion dans les sous-sols d'une demeure inconnue et de questionnements brutaux par C. H., l'infâme, et ses acolytes, afin de me soutirer les connaissances qu'ils n'avaient pas réussi à arracher à leur précédent et défunt pion.
Des notables, de vieux hommes aux regards perçants vêtus de gabardines et de pardessus, et d'autres, plus jeunes, aux regards déments. Des femmes aussi. Voilà l'assemblée devant laquelle je fus finalement conduit dans la nuit du 20 septembre. Le cercle de pierres noires avait été reconstitué d'après les conclusions couchées dans mon journal.
Les événements allèrent vite. Les hommes se regroupèrent en débutant un rituel fort semblable à ceux que j'ai eu pratiqué dans ce qui me parait désormais une autre vie. Il pleuvait encore, mais le phénomène semblait naturel cette fois-ci et n'inspirait aucune crainte si ce n'est celle de l'odieuse sarabande, éructant autour d'une femme terrifiée qui allait servir de sacrifice. Et je n'ose imaginer ce qu'il se serait passé par la suite si je n'avais pas découvert par avance la nature cachée de C. H. et n'avait caché sciemment une erreur dans mes notes.
Des sons impossibles provenant de nulle part et partout à la fois se firent entendre, le ciel sembla se déphaser au dessus de la grande stèle et je syncopais devant l'inadmissible réalité intangible qui commença à prendre pied dans notre monde. J'entendis alors des cris au milieu de la psalmodie. Puis des coups de feu. Je vis surgir une horde de policiers armés de fusils et de revolvers. Les hommes, effrayés ou rendus fous par la vision infernale qui avait été invoquée, tiraient comme des déments sur les cultistes autant que sur les chimères qui dardaient leurs odieux appendices éthérés vers le cercle.
Je profitais de la confusion pour récupérer mon précieux journal tombé à terre et fuir sans me retourner. Le maelstrom était assourdissant, écrasant tous les sens. J'eus à peine le temps de m'éloigner que tout stoppa violemment dans un bruit de déchirement et une déflagration de fin du monde qui coucha plusieurs arbres autour de moi en me projetant à plusieurs coudées de distance.
Je parvins à rejoindre une ferme des environs. Je demandais à être emmené au plus vite à la gare la plus proche, pas celle d'Augusta. Puis je pris le premier bateau en partance que je trouvais.
Y-a-t'il seulement un moyen de fuir et de se dissimuler des engeances qui ont tenté de pénétrer notre plan ? Est-ce que certaines ont réussi à passer ce portail venant d'ailleurs ?
30 sept.
Les journaux d'ici, même ceux qui parviennent de l'étranger, aucun ne fait état des événements qui ont eu lieu il y a dix jours près d'Augusta. Seule une vague de disparitions sans précédents, imputée au défunt D. R. V., semble avoir défrayé les chroniques.
Je ne sais que penser.
Date inconnue
Illustration : Tentative de représentation de la créature[référence 35] |
Illustration 1 - Illustration 2 : Tentative de représentation de la créature[référence 35][référence 36] |
Notes et références
Notes
- ↑ « Ich bin der letzte ! [...] Ich werde es der lauschenden Leere verkünden... »
Je suis le dernier ! [...] Je m'adresse au vide qui m'écoute... - ↑ « Wir sollten uns nicht zu viel umsehen. »
Nous ne devons pas regarder au-delà. - ↑ « Ich bitte um Verzeihung ? »
Je vous demande pardon ? - ↑ « Ich hörte Donnerschläge und andere Geräusche, welche die Natur nur im Zorne von sich gibt. »
I heard thunderclaps and other noises that nature only uttered in anger.
Citations
- ↑ « Ce qui est, à mon sens, pure miséricorde en ce monde, c'est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu'il renferme. Nous vivons sur une île de placide ignorance, cerné par de noirs océans d'infini, et nous ne sommes pas appelés à voguer bien loin. Les sciences, chacune creusant laborieusement son propre sillon, nous ont jusqu’à présent épargnés ; mais un jour viendra où la conjonction de tout ce savoir disparate nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur la réalité et sur l’épouvantable place que nous y occupons que nous ne pourrons que sombrer dans la folie devant cette révélation, ou bien fuir la lumière pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel âge de ténèbres. » – H. P. Lovecraft, L'Appel de Cthulhu
- ↑ « Je constatai qu’il s’agissait d’une langue agglutinante dont le système de racines était absolument différent de tout ce que l’on trouvait dans les idiomes des humains. » – H. P. Lovecraft, L'Ombre immémoriale
- ↑ « Si le ciel est miséricordieux, j’oublierai un jour ce que j’aperçus à ce moment, et pourrai connaître la paix pour les quelques années qui me resteront. Pour l’instant, je ne dors plus la nuit et, quand l’orage tonne, je suis même obligé d’avoir recours aux narcotiques. » – H. P. Lovecraft, La Peur qui rôde
- ↑ « J’ai trouvé dans les bois, à l’est d’ici sur le mont Rond, une grande pierre noire gravée de nombreux hiéroglyphes à moitié effacés. » – H. P. Lovecraft, Celui qui chuchotait dans le noir
- ↑ « J’aimerais pouvoir croire cet homme. Mes nerfs fragiles iraient mieux, si je pouvais cesser de penser à l’air et au ciel autour et au-dessus de moi. Je ne me sens jamais seul ni à l’aise, et quand la lassitude me gagne, j’ai l’odieuse, l’effroyable impression d’être poursuivi. » – H. P. Lovecraft, De l'au-delà
- ↑ « Si le ciel est miséricordieux, j’oublierai un jour ce que j’aperçus à ce moment, et pourrai connaître la paix pour les quelques années qui me resteront. Pour l’instant, je ne dors plus la nuit et, quand l’orage tonne, je suis même obligé d’avoir recours aux narcotiques. » – H. P. Lovecraft, La peur qui rôde
Références
- ↑ 1,0 1,1 et 1,2 Signes des Larmes du Soleil – Angeldust Jdr, Les Larmes du Soleil
- ↑ Liber Ivonis
- ↑ Le Culte des Goules
- ↑ De Vermis Mysteriis
- ↑ Fragments de G'harne
- ↑ Necronomicon
- ↑ Manuscripts Pnakotic
- ↑ Unaussprechlichen Kulten
- ↑ 9,0 9,1 9,2 9,3 9,4 9,5 9,6 9,7 et 9,8 Beaucoup d'inspirations tirées des pages réalisées par MrZarono – MrZarono, Galerie de MrZarono sur DeviantArt
- ↑ https://www.pngflow.com/en/free-transparent-png-htder
- ↑ http://www5.kb.dk/export/sites/kb_dk/da/nb/fag/dafos/Dagligliv.dk/Galleri/9580-opslaaet-cyprianus.jpg
- ↑ https://i.redd.it/43irpa0ak8t21.png
- ↑ https://www.pngflow.com/en/free-transparent-png-hkzrx
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- ↑ https://d1a0n9gptf7ayu.cloudfront.net/cache/85/51/85517311bebbcbca03a87e397ca1a8cb.jpg
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- ↑ https://www.pngflow.com/en/free-transparent-png-hamvi
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- ↑ https://i.redd.it/pe6w7brryzzy.jpg
Secrets
- ↑ Le Carlton Club à Londres.
- ↑ Voir les Données complémentaires sur les événements d'Augusta.
- ↑ Mot de protection en Cthuvien :
- nnn-: (préfixe) surveiller / protéger
- ah: (action générique) faire, manger, saluer, ...
- ya: moi, je
- nnn-: (préfixe) surveiller / protéger
- ↑ 4,0 et 4,1 La phrase de reconnaissance secrète de la confrérie.
« Der Wind rauscht mit Ihren Stimmen, und die Erde grollt durch Ihren Geist. »
The wind is rustling with your voices and the earth is rumbling through your mind. - ↑ Symbole de l'Horreur Chasseresse – Les Créatures du Mythe, Horreur Chasseresse, p. 48
- ↑ Bételgeuse en alphabet glagolitique
- ↑ Voir la Généalogie de la famille Lehmann.