Déchiffrement du rituel de conjuration des cauchemars du Roi en Jaune
Sommaire
Présentation
Les cauchemars retranscrits dans le Journal de Z. sont des rêves récurrents insufflés par le Roi en Jaune après la vision du Signe Jaune.
Cachés au sein des songes, trois textes entremêlés constituent une parade à ces tentatives de prise de contrôle mental. Un breuvage, un décor et une mise en scène sont nécessaires à un rituel odieux visant à troquer les cauchemars insidieux du Roi contre la protection de Nyarlathotep. La résultante, après d'abominables sacrifices, est le changement de corps de l'individu, désormais asservi au Chaos Rampant, vers un réceptacle innocent.
Pour déchiffrer les trois messages cachés, trois pages arrachées au Journal de Z. seront nécessaires. Toutes servent de grilles de Cardan pour pointer les mots composant la préparation du breuvage. L'une d'elles est également annotée d'un indice concernant la mise en place du décor. Une autre liste des suites de nombres nécessaires au déchiffrement de la mise en scène.
Proposition de mise en scène
L'accomplissement du rituel consiste en une pantomime visant à recréer la réception donnée par la reine Cassilda à Carcosa, dépeint dans la pièce de théâtre du Roi en Jaune.
Les étapes requises sont :
- La préparation d'un breuvage alchimique empoisonné pour préparer la séparation du corps et de l'esprit.
- La mise en place d'un décor visant à imiter la réception donnée à Carcosa avec différents figurants représentant les protagonistes.
- L'exécution d'une mise en scène destinée à invoquer le Roi en Jaune puis adjurer Nyarlathotep.
En termes de jeu, la narration peut se partager entre les officiants et le Gardien. Les premiers peuvent décrire l'horrible réalité de leurs actes, tandis que le second dépeindra une réalité fantasmée faisant écho aux événements s'étant déroulés en un autre temps et un autre lieu.
Texte original
Galerie
Entrées du journal
26 mai (première entrée)
J'ai fait ce cauchemar à nouveau. Il me poursuit toujours, même après toutes ces années.
Nous sommes deux, nous nous tenons au sommet d'un éperon rocheux titanesque. Des vagues d'arsenic viennent se fracasser contre ce décor aux allures dantesques éclairé par huit soleils. Vision surréaliste et effroyable que ces ombres si nombreuses jetées au sol. Et là haut le ciel est noir, les étoiles absentes.
Je remarque alors un autel dressé devant nous et recouvert de cendres. Du bord escarpé de l'éperon rocheux, l'autel domine l'abîme où des ombres hideuses bondissent et sautent dans les vagues. Ces silhouettes paradent en une sarabande encerclant notre promontoire de toutes parts.
Pétrifié de peur c'est à ce moment que j'entends derrière moi l'étranger qui m'accompagne m'expliquer qu'il a été désigné par d'obscurs inconnus pour être leur messager. Il longe alors l'abîme tandis que la tempête en contrebas redouble de force... et saute dans le tumulte. J'aperçois sa couleur de peau jaune orange avant qu'il ne disparaisse dans les flots en coulant à pic. Les ombres le dévorent en un instant. Impuissant, je ne fais qu'y assister.
26 mai (deuxième entrée)
Encore ce rêve abominable. Je me suis réveillé au milieu de la nuit. Le même depuis toutes ces années.
Je me tiens seul tout au bord du gouffre d'un réseau de grottes lacustres. J'observe une procession funèbre défiler quatre par quatre loin sous mes pieds.
Des jumeaux mènent le défilé, sonnant d'étranges cloches allongées dont l'écho sépulcral résonne dans la nuit souterraine. Des flambeaux démoniaques agitent de noires silhouettes autour de la scène. Soudain le souffle me manque. Je surprends le défunt debout immobile à mes côtés. Sur la chair noircie de son corps putréfié, sa toge rougie au réalgar pend lamentablement.
Devant lui tous s'agenouillent pour montrer leur foi. Les jumeaux continuent d'avancer et abandonnent leurs congénères en gravissant sans efforts l'abyme sous mon regard terrifié. Le mort les sert dans ses bras ; j'aperçois qu'ils sont masqués. Silencieux, l'un me révèle alors l'abominable vérité concernant le devenir de ces nombreux convives.
Une odeur de souffre surgit de nulle part, mais l'air semble purifié. Il doit rester seulement quelques individus anonymes maintenant la en bas. Je hurle en vain : ignorant mes suppliques, ils disparaissent eux aussi.
26 mai (troisième entrée)
Somnoler est si suffocant et rêver, tellement affreux... Est-il seulement possible de faire en sorte que cela cesse ?
Sur une plaine s'étendant à perte de vue, un petit comité était rassemblé. Le silence surnaturel qui régnait ici rendait les silhouettes immobiles plus effrayantes encore que les ombres de jais qui voltigeaient lentement dans le nébuleux ciel violacé. En sus, d'étranges scènes étaient dressées face aux anonymes, semées de sels cristallins et de nombreux corps costumés.
L'un d'eux se relève : un régent. Il s'avance et parle de sa veuve depuis longtemps disparue, et de sa descendance punie par des dieux désormais oubliés. L'homme s'effondre finalement devant le trio qui préside à ce spectacle perturbant.
De tous côtés, des ovations saluent alors l'apparition de Aldébaran à l'horizon. Des calices distribués par le triumvirat, remplit d'un mercure macéré, passent par toutes les mains. Puis convives et hôtes montent sur les scènes pour retirer sa défroque à chaque corps, dispersant de part et d'autres les sels commençant à rayonner d'une lueure indigo.
Je vois cette représentation prendre finalement fin, comme il se doit, quand tous me saluent grotesquement.
Accomplissement du rituel
Préparation du breuvage
Le breuvage est un vin empoisonné destiné à être servi aux « invités » et à être ingurgité par le conjurateur pour préparer la séparation de son corps et de son esprit.
La boisson, d'un jaune d'or, est composée d'orpiment, un minéral très prisé comme pigment au Moyen-Âge, et doit être purifiée dans un alcool blanc avant de macérer dans un fût de pierre à l'abri de la lumière.
L'absorption de cette décoction condamnera à coup sûr le conjurateur si son rituel n'aboutit pas.
Le « jaune du roi » évoqué ici étant un mélange composé d'arsenic inspiré du pigment appelé « jaune royal », les symptômes de l'empoisonnement à l'arsenic seraient alors les suivants : vomissements, paralysie, douleurs abdominales et diarrhées sanguinolentes. A dose mortelle, ce sont des convulsions et des troubles de la coagulation sanguine qui viendront s'ajouter aux maux précédents.
De plus, le souffre entrant dans la composition du pigment à la base de la boisson, celle-ci aura tendance à virer au noir exposée à l'air et à la lumière, présentant un détail perturbant supplémentaire au rituel qui la requiert.
Résolution de l'indice
Les constellations inconnues ou incomplètes représentées sur les pages arrachées au Journal de Z. constituent en elles-mêmes l'indice pouvant révéler les étapes de préparation du breuvage.
Un examen sommaire dévoilera à n'importe quel investigateur que chaque étoile est percée d'un trou discret. En utilisant ces pages comme des grilles de Cardan sur les cauchemars correspondant, tout en suivant le tracé des constellations, les consignes se dévoileront.
Déchiffrement
Chacune des pages arrachées étant personnalisées, les correspondances entre les grilles de Cardan et les cauchemars sont les suivantes :
- Grille de Cardan 1 (Page brûlée) : Cauchemar du Roi en Jaune (1/3)
- Grille de Cardan 2 (Page pliée) : Cauchemar du Roi en Jaune (2/3)
- Grille de Cardan 3 (Page chiffonnée) : Cauchemar du Roi en Jaune (3/3)
Texte déchiffré avec la première grille :
Arsenic au noir
Cendres au jaune
Texte déchiffré avec la deuxième grille :
Réalgar putréfié au souffre
Purifié à l'air
Texte déchiffré avec la troisième grille :
Mercure aux sels
Macéré en jais
Réalisation
La préparation de ce breuvage fait appel à certaines connaissances liées à l'alchimie qui pourront être jugées sommaires ou incorrectes par certains initiés. Elles se veulent ici simplifiées pour être exploitées aisément dans un contexte de jeu.
L'arsenic blanc
La première étape consiste à produire de l'arsenic blanc (ou Aqua Tofani), une forme oxydée de l'arsenic ayant l'aspect d'une poudre blanche. Il est obtenu par la combustion de l'arsenic avec l'air, et était utilisé dans la mort aux rats.
Arsenic au noir
Cendres au jaune
En alchimie, l'œuvre au noir (nigredo), est l'opération consistant à transformer la matière primordiale en cendres. C'est une étape de calcination où une substance est réchauffée dans un creuset ou au-dessus d'une flamme jusqu'à sa réduction en cendres.
La première consigne implique donc la calcination de l'arsenic dans un four à rôtir pour obtenir une suie.
L'œuvre au jaune (Citrinitas) est quant à elle une étape de sublimation, où l'on condense une solution pour accroître sa pureté.
La deuxième consigne consiste alors à sublimer la suie d'arsenic afin d'obtenir la condensation solide des vapeurs d'arsenic.
L'orpiment
La seconde étape permet d'obtenir de l'orpiment (ou arsenic jaune), minéral jaune-orangé composé de trisulfure d'arsenic. Il est formé par condensation solide de vapeur d'arsenic sur un support à la température plus faible. Le pigment ainsi extrait noirci alors à l'air libre.
On le fabriquait au Moyen-Âge par sublimation en fondant du réalgar et du souffre.
Réalgar putréfié au souffre
Purifié à l'air
Le réalgar (ou arsenic rouge) est un minéral rouge-orange composé de sulfure d'arsenic. Il fond à 320°C et brûle avec une flamme bleutée qui produit des fumées d'arsenic et de sulfure. Exposé à la lumière, le réalgar se transforme en une poudre jaune.
La « putréfaction au souffre » du réalgar implique quant à elle une calcination de réalgar et de souffre. Les fumées d'arsenic et de sulfure ainsi dégagées devront alors être purifiée à l'air, soit cristallisées (condensation solide) en passant de l'état gazeux à l'état solide.
C'est la présence du souffre qui fera noircir à l'air libre le pigment doré obtenu.
La forte ressemblance de l'orpiment avec l'or laissait penser aux alchimistes qu'il s'agissait d'une substance proche de la maturité du métal précieux. Il était utilisé à la base de diverses décoctions — dont les préparations étaient accompagnées de chants, de sorts et d'incantations — dans le but de réussir à obtenir de l'« aurum potabile », ou or potable. Cet élixir magique, comme l'or lui-même, ne devait jamais vieillir ni se corroder, et aurait rendu immortel celui qui l'aurait bu.
Le jaune du roi
La dernière étape vise à créer le « jaune du roi » et à le mélanger à un alcool pour enfin réaliser le breuvage du rituel.
Mercure aux sels
Macéré en jais
Le « mercure » et le « sel » sont des termes alchimiques faisant référence, respectivement, à l'« esprit » et au « corps » métaphoriques d'une préparation. L'un peut se réduire à une caractérisation d'un alcool ou d'un esprit de vin (de l'éthanol obtenu par distillation de vin ou d'une autre boisson fermentée). L'autre constitue les sels minéraux purifiés.
En mélangeant l'arsenic blanc et l'orpiment, on obtiendra la poudre d'or empoisonnée qui, une fois dissoute dans un alcool pur et macérée à l'abri de la lumière dans un fût de jais, créera une boisson capable d'induire de puissantes hallucinations à celui qui la consommera.
Mise en place du décor
Le décor de ce rituel vise à reproduire l'étrange paysage de Carcosa, sise bord du lac Hali et dominée par ses soleils jumeaux, pour y faire figurer la cour de la reine Cassilda et les personnages emblématiques de la pièce de théâtre du Roi en Jaune.
Résolution de l'indice
La grille de Cardan associée au deuxième cauchemar du Roi en Jaune est annotée de l'indice suivant :
Seul le pater connaît les mots justes,
Et le corbeau leur véritable sens
Le « pater » et le « corbeau » sont les noms de deux rangs d'initiation dans le culte de Mithra. Le « pater » est le septième et dernier rang d'initiation, tandis que le « corbeau », aussi appelé « corax », en est le premier rang.
L'indice commence par indiquer que seul celui qui a passé les sept niveaux d'initiation est capable de lire les mots corrects du message caché. Ainsi, seuls les « septièmes mots », soit les mots dont l'index est multiple de 7 dans leurs textes respectifs, constituent la liste des termes à considérer.
L'ajout du « corbeau » doit ensuite inciter à chercher un peu plus loin, car en elles-mêmes, les listes de mots extraites des cauchemars n'ont pas de sens. C'est en intercalant les mots des trois listes, en sautant de l'une aux autres, que le message deviendra compréhensible.
Déchiffrement
Pour reconstituer le texte caché, deux étapes sont donc nécessaires.
La première étape consiste à lister tous les mots dont l'index est multiple de 7 dans chacun des cauchemars :
Texte A = "... [7e] ... [14e] ... [21e] ..." Texte B = "... [7e] ... [14e] ... [21e] ..." Texte C = "... [7e] ... [14e] ... [21e] ..."
Le seconde étape consiste à intercaler les trois suites de mots entre elles :
Texte A "[A7] .... .... [A14] ..... ..... [A21] ..... ....." Texte B + ".... [B7] .... ..... [B14] ..... ..... [B21] ....." Texte C + ".... .... [C7] ..... ..... [C14] ..... ..... [C21]" Texte complet = "[A7] [B7] [C7] [A14] [B14] [C14] [A21] [B21] [C21]"
Le texte ainsi déchiffré est le suivant :
Texte déchiffré
Au bord de vagues lacustres le décor |
Réalisation
La mise en place du décor peut s'effectuer de nombreuses manières. Les Gardiens sont seuls juges pour décider si les mesures prises par les instigateurs de ce rituel respectent correctement les règles énoncées.
Il s'agit tout de même de l'invocation du Roi en Jaune et de Nyarlathotep. La moindre erreur aura des conséquences désastreuses.
Le décor
Au bord de vagues lacustres le décor (1)
Par les soleils jumeaux les ombres allongées (2)
Dans la nuit d'étranges étoiles noires semées (3)
1) Les lacs n'ont, par définition, pas de véritables vagues. Pour planter le décor au bord d'un lac agité, il faudra certainement attendre l'équinoxe, lorsque le mascaret agitera sa surface de vaguelettes.
2) Pour représenter les soleils jumeaux de Carcosa, deux importantes sources de lumière rasantes peuvent faire l'affaire.
3) N'importe quoi qui puisse symboliser des étoiles obscures : du minerai de charbon, des éclats d'obsidienne semés aux alentours, ...
Les figurants
Dressé le corps du défunt régent domine (4)
La veuve et sa descendance paradent devant (5)
L'homme de foi préside à leurs côtés (6)
L'Etranger sous Aldébaran désigné sert le Messager (7)
4) Le corps dressé (à l'instar des rites gaulois) d'un inconnu, qu'il soit couronné, de sang royal ou d'appartenance à toute autre forme de régence symbolique.
5) La reine Cassilda est entourée de ses enfants, le prince Uoht, le prince Thale, la princesse Camilla et son petit-fils, l'Enfant. La partie sûrement la plus immorale et difficile à réaliser de ce rituel.
6) Un homme de foi ou un religieux, quel qu'il soit.
7) Un illustre inconnu, placé dans la direction d'Aldébaran, doit avoir été offert au « Messager », l'un des noms de Nyarlathotep, par tout symbole ou geste assez significatif que le Gardien jugera valable.
Le Masque de Vérité
Masqués par la Vérité hôtes et convives (8)
8) Chaque participant au rituel doit porter le Masque de Vérité. Qu'il s'agisse d'imitations grossières du Masque, ou que celui-ci soit odieusement capable de se dupliquer dans ces circonstances, il faudra toutefois l'avoir au préalable révélé comme les consignes de la Révélation du Masque de Vérité le préconisent.
La couleur jaune
Sa couleur nulle part ne doit rayonner (9)
9) La couleur jaune ne doit pas être présente lors de ce rituel, elle est l'apanage exclusif du Roi en Jaune. Attention aux flammes qui pourraient avoir symbolisées les soleils jumeaux...
Le réceptacle
A la représentation un ignorant doit assister (10)
10) Un spectateur non versé dans les secrets du Mythe doit assister à la représentation. C'est le figurant le plus important du rituel pour l'officiant, car il lui servira de réceptacle pour son esprit.
Exécution de la mise en scène
La réalisation de ce rituel, par les actes abominables qu'il exige de commettre, ferait sombrer n'importe qui dans la démence la plus profonde. Seuls des individus extrêmement déterminés ou n'ayant plus d'autres recours devraient se risquer à exécuter cette mise en scène.
Elle implique l'usage du breuvage alchimique préalablement préparé et du décor correctement mis en place, tous deux décrits plus haut.
Résolution de l'indice
La grille de Cardan associée au troisième cauchemar du Roi en Jaune aligne plusieurs colonnes de suites de chiffres :
1-23-2 3-14-1 1-28-3 3-25-5 2-1-2 1-6-2 3-7-2 2-29-1 3-7-1 1-14-1 2-13-7 1-27-3 1-10-1 1-12-2 1-17-1 3-26-2 2-14-3 3-2-2 2-7-2 2-8-2 3-11-2 2-4-2 1-30-7 2-31-4 1-11-1 1-5-4 3-8-3 2-20-4 2-2-2 1-8-6 2-17-8 3-21-1 1-1-4 3-1-1 2-19-5 2-12-2 3-6-4 1-13-2 2-24-1 2-32-1 2-25-1 3-16-3 3-15-1 3-29-2 3-3-4 2-84-3 1-19-2 2-21-2 1-2-1 1-16-2 3-23-2 1-34-3 1-3-2 3-12-3 1-32-8 1-33-1 1-4-1 2-5-3 1-35-4 1-22-2 1-26-1 2-28-7 2-9-7 3-22-7 3-13-8 2-17-8 3-18-4 1-36-1 1-7-1 3-9-2 1-24-4 2-22-4 1-18-4 1-29-1 2-26-5 1-40-2 2-3-3 1-25-4 1-37-2 3-34-6 3-10-3 3-17-2 1-50-2 1-21-2 2-27-3 3-27-3 2-11-3 2-23-1 3-33-11 3-20-2 3-44-2 2-30-1 2-6-1 2-34-1
La structure ternaire répétitive de ces suites chiffrées, ainsi que les limites de la plage de valeurs utilisées pour les premiers chiffres de chaque colonne, devraient interpeller tout bon cryptographe.
Les chiffres sont les index respectifs des textes, des mots puis des lettres à extraire des cauchemars retranscrits pour composer les consignes de la mise en scène.
Ainsi, les trois premières valeurs se traduiront de la sorte :
Texte chiffré : 1-23-2 Références : [1er texte]-[23ème mot]-[2ème lettre] Substitutions : ...ce décor aux [allures] dantesques..., a[l]lures, l
Déchiffrement
En relevant les lettres correspondants aux index énumérés, le texte suivant est dévoilé :
Le décor est mis en place
Le vin est servi aux invités
Les soleils sombrent sous le lac
A minuit les masques tombent
Déroulement
Comme suggéré dans la proposition de mise en scène, la description du rituel peut se partager entre les instigateurs et les Gardiens. Les uns décrivant la réalité crue de leurs actes, les autres narrant une réalité onirique proche des événements dépeints dans la pièce de théâtre du Roi en Jaune.
L'empoisonnement
Le décor est mis en place
Le vin est servi aux invités
Mettre en place le décor a dû nécessiter la capture de nombreuses personnes, ou une manipulation capable de les amener toutes à l'endroit choisi pour le rituel. La date d'exécution devrait également avoir été déterminée avec soin si l'équinoxe est requise pour créer les « vagues lacustres ».
La boisson empoisonnée réalisée par le conjurateur peut alors être servie à l'ensemble des « invités ». Si elle était à l'origine d'un jaune d'or, l'oxydation de l'air la transforme peu à peu en un breuvage noirâtre, respectant ainsi la consigne de ne pas faire apparaître la couleur jaune.
Les différentes personnes impliquées dans le rituel ne vont pas tarder à ressentir les symptômes de l'empoisonnement à l'arsenic. Le conjurateur, lui-même empoisonné par son « vin », devrait alors entrer dans une transe où réalité et hallucinations se mêlent étrangement. Il pensera se trouver véritablement sur les rives du lac Hali, conversant avec la reine Cassilda et les autres invités de sa Cour.
L’avènement
Les soleils sombrent sous le lac
A minuit les masques tombent
Les représentations des soleils jumeaux doivent sombrer sous les eaux du lac, ou pour le moins s'éteindre. La brume peut alors envahir progressivement les lieux et une réalité alternative commencer à déborder sur les lieux du rituel, tandis que le mirage d'une cité étrangère miroite sur la rive opposée du lac.
Et rapidement, à l'heure symbolique de minuit, le conjurateur doit faire tomber les masques des « convives », pour faire écho à cet extrait de la scène 2 du premier acte :
CAMILLA
Vous devriez, monsieur, vous démasquer.
L'ETRANGER
Vraiment ?
CASSILDA
Vraiment, il est temps. Nous avons tous ôté nos déguisements, sauf vous.
L'ETRANGER
Je ne porte pas de masque.
CAMILLA
(terrifiée, à Cassilda.)
Pas de masque ? Pas de masque !
Des figurants empoisonnés, l'un se relèvera d'entre les morts : ce sera la personnification temporaire du Roi en Jaune, qui viendra chercher le conjurateur. Et si tout a été exécuté dans les règles, l'Etranger, marqué du signe de Nyarlathotep, agira en faveur du conjurateur et intervertira son esprit avec celui de l'« Ignorant », assistant à ce spectacle macabre.
Le conjurateur devrait se sentir mourir à cause du poison, sentir les oripeaux du Roi en Jaune l'envelopper dans ses derniers instants de lucidité, puis observer sa mort de l'extérieur à travers les yeux de son nouveau réceptacle une fois le changement de corps opéré.
Si tout s'est déroulé comme prévu, que ces nombreux sacrifices ont été offerts et que le conjurateur est parvenu à conserver un tant soit peu d'esprit, il aura alors échappé à l'indicible fin que lui réservait le Roi en Jaune pour devenir un suppôt de Nyarlathotep.